Textes “oulipiens” dans l'âme
Oulipiens, c'est moi qui le dis… Ils ont été publiés dans la collection Le petit livre à offrir, aux éditions Tana, qui ne s'inscrit pas officiellement dans cette filiation, et la plupart des lecteurs de ces petits livres-cadeaux n'ont sans doute jamais entendu parler du collège de pataphysique, mais c'est tout de même ce qui m'a nourrie et ce qui les a fait sourire…
Exemples de jeux de langage
• Haïkus
Lipossibles
On pioche certaines lettres à un mot pour en fabriquer un autre.
Un premier exemple extrait d'un livre sur le jazz. Comme si le hasard des lettres avait un pouvoir de vérité…
Duke Ellington
Entends son DOIGTÉ, entends l’ONDE et l’IDÉE, à la fois DINGUE et INGÉNUE.
Écoute en lui ce GÉNIE, ce GENTIL DUEL entre l’ÉTUDE et l’INNÉ.
Il a en lui quelque chose d’INDOLENT, quelque chose d’ÉLOIGNÉ, quelque chose qui ÉTONNE, comme une LONGITUDE au-delà de l’OUÏE.
La NUIT est en lui, la LUNE aussi, et une ÉTOILE y luit.
J’y trouve un ONGUENT.
J’y retrouve l’ÉDEN.
Du début à la fin, un seul mot : quel DON !
Thelonious Monk
Monk le bien nommé, qui abrite des MOINES.
Retire-lui quelques NOTES : il gardera son LOOK, entre LION et MINOU, car en lui se cache un MÉTIS.
Il parle de LUI, il parle de NOUS.
Tu y entends MONOTONIE ? Moi, je n’y vois qu’ÉMOTIONS.
Tu y perçois quelque chose d’HOSTILE ? Moi, je n’y bois que du MIEL.
Tu n’y décèles que l’ENNUI ? C’est que tu as loupé ce qu’il a d’INSOLENT.
Pour moi, c’est un HÔTEL ISOLÉ, une ÎLE, un LIT, un SEIN, et j’en écoute chaque MINUTE, touché par cette LÉSION qu’il porte en lui.
Et la NUIT, grâce à lui, se retrouve comme gonflée à l’HÉLIUM.
Louis Armstrong
Il est rare de porter en soi à la fois un ROSSIGNOL et un SAUMON.
Et pourtant, c’est ainsi : il y a en Louis Armstrong du LION et du LORIOT, du NOIR et du GRIS, du ROMAIN et du GAULOIS, du RURAL et du SATIN, le GRATIN comme le GRATOS, du RASOIR comme du RIGOLO, et même un INTRUS dans ce LAÏUS.
Il y en a pour tous les GOÛTS : les NOIRS s’y retrouvent, les GAMINS aussi.
En lui souffle le MISTRAL, moitié en MARS, moitié en AOÛT : c’est NORMAL, pour un trompettiste.
En lui on fait SALON, on y trouve l’ART, on y voit un SAINT, on entend un ROI.
Une oreille attentive y décèle aussi une ORAISON, des AMOURS, une OASIS. Et aussi, bien cachés, quelques SANGLOTS.
Un autre exemple de lipossible, extrait d'un livre destiné à remonter le moral.
Vous irez mieux : c’est écrit !
Tu es déprimé ? Jette le dé et te voilà primé.
Dans toute mélancolie se cache un petit caméléon.
Il s’en faudrait que peu pour que la tristesse te fasse risette.
Au cœur de ta rancœur pointe l’aurore.
Dans ton soupir tu as souri.
Laisse jaillir le fonceur du fond de ta souffrance.
De ta douleur, extrais la lueur.
Permute les lettres de ton tourment : et voilà qu’elles muteront.
Au creux de ta dépression nichent l’espoir, le désir et la poésie.
Tu trouveras un remède au milieu de tes emmerdements.
Est-ce un hasard si Œdipe se cache dans ton désespoir ?
Il suffit d’un rien pour que ta galère te régale.
Au fond de l’abîme t’attend l’être aimé.
Peu à peu, le deuil se dilue.
Perverbes
Des proverbes pervertis. Ici, pour un livre entièrement dédié aux chiens.
Proverbes à quatre pattes
C’est au pied du mur qu’on fait les meilleurs pipis.
Tel maître, tel chien.
Pierre qui roule ne fait pas l’os.
Les chiens ont des oreilles que la raison ignore.
Un chien vaut mieux que deux gros chats.
Petit chiot deviendra chiant.
Chien dans ton lit : l’alliance on oublie.
Il n’y a jamais loin de la croupe aux truffes.
Malheureux en amour, heureux avec son chien.
Chassez le bâton, il revient au galop.
Chien au volant, mort au tournant.
Qui aime son chihuahua l’emmène à l’opéra.
La vérité sort de la gueule des chiens, mais pas de celui du voisin.
Marche dedans une fois et tu y réfléchiras.
Qui perd ses poils partout complètement s’en fout.
Rien ne sert de courir, sauf si l’on est un chien.
Qui chouchoute un chow chow la nuit aura bien chaud.
Pluie du matin n’empêche pas de devoir sortir le chien.
Qui veut noyer son chien n’achète pas un labrador.
Petit à petit le trottoir se remplit.
Au royaume des aveugles, les bergers sont rois.
Il ne faut pas mettre tous ses chiens dans le même panier.
Bave au museau, idée fixe au cerveau.
La faim justifie l’émoi chien.
Chaussette volée n’est qu’à moitié régurgitée.
Chien de prairie n’a rien à faire ici.
Chocolat Délicieux
Caravane Duplex
Cartes Divinatoires
Cercueil Définitif
Charentaises Design
Charcuterie Déshydratée
Chéri(e) Disponible
Copain Débrouillard
Cinq Domestiques
Chouette Dictionnaire
Complète Discothèque
Lexique imaginaire
Nuancier de verts poétiques
vert amende : couleur PV
vert mi-fuge : vert qui tend à s’effacer
vert du nez : couleur morve
vert transitif : vert tirant sérieusement sur le bleu ou le jaune
vert glacé : presque blanc, en plus traître
vert jus : l’autre couleur du jus de raisin (blanc)
vert millon : vert des feux tricolores en cas de litige
vert mine : vert grisâtre, la couleur des méchants
vert moulu : vieux vert, comme on dit "vieux rose"
vert dépoli : couleur des petits tessons doux que l’on trouve sur la plage
vert à liqueur : vert Chartreuse
vert bullé : vert irisé des bulles de savon
vert optique : vert phosphorescent, appelé aussi vert luisant
vert correcteur : vert des tests ophtalmologiques
vert vingt heures : vert pistache
vert propre : sans rouge qui tache
vert de vin : équivalent du vert bouteille
vert roux : vert piqueté de rouille qu’on observe sur les vieilles serrures
vert déformant : appelé aussi vert de gnon, couleur cocard
vert gréco-latin : vert passé
vert féroce : à l’opposé du vert tendre, un vert qui fait mal aux yeux
vert sicolore : mélange de 3 bleus + 3 jaunes différents
vert soir : de la couleur du dernier rayon du soleil avant qu’il verse dans la mer
vert galant : la couleur de l’espoir, car le galant a une idée derrière la tête
vert de terre : d’un vert qui tire vers le marron
vert sapin : couleur cadavre
vert toc : moins riche que le vert émeraude
vert tige : couleur végétale du teint d'un être humain en cas de nausée
vert tueux : vert qui jure malgré ses efforts (le vert laid tue)
vert paradis : couleur tendre d’autrefois, généralement perdue
vert laine : dernier vert de l’automne avant les sanglots longs des violons
vert de Mars : couleur extraterrestre
vert d’âtre : du vert bleuté de certaines petites flammes (réalisable avec du borate de méthyle)
vert chlorophylle indienne : teinte des ennemis des Peaux-Rouges
vert Claude Jade : couleur de l’amour en fuite
vert sion française : conversion tricolore du vert anglais
vert de bière : autre nom du vert mousse
vert Éden : autre nom du vert pomme
vert veine : couleur apaisante proche du vert tilleul
vert écolo : couleur changeante, voir aussi vert satile
petit vert d’eau : couleur mare
grand vert d’eau : couleur mer
géant vert : couleur Hulk
Néologismes
Buffet de gourmandises fictives
(inspiré des listes infinies de Valère Novarina)
Stéganographie
L'exercice consiste à écrire un texte qui prend deux sens différents selon qu'on le lit tel quel ou seulement une ligne sur deux. Il se prête particulièrement aux doubles sens grivois, j'en ai écrits aussi pour un livre érotique, mais ici je vous ai choisi un exemple plus grand public, extrait d'un livre pour enfants.
Monsieur le Directeur,
Je tenais à vous dire combien
j’aime aller à l’école et comme
je m’ennuie dès que je quitte
la classe pour rentrer à
la maison, où j’ai laissé
tous mes soucis, car
mes meilleurs jouets
sont mes livres de classe.
Dès que je vois ma maîtresse,
mon cœur bondit et
je meurs d’envie de lui sauter
au cou et de l’embrasser
à la gorge, tant je la trouve
sympathique et am-
usante, avec sa voix de
fée, quand elle m’appelle son
canard, et son parfum
à la rose : on dirait un pot-
pourri de la tête aux pieds.
À longueur de journée,
elle nous couvre
de délicates attentions : pas
de cris, d’insultes, de punitions,
rien que du bonheur
aux quatre coins de la classe.
Tous les soirs,
nous rentrons avec une tonne
de nouvelles connaissances, jamais
de devoirs à faire pour le lendemain,
et c’est un peu dommage, car
on aurait envie de prolonger
l’école, d’oublier
les vacances éternellement
rien que pour être avec elle.
Si vous voulez nous faire plaisir,
monsieur le Directeur,
prenez comme modèle
cette maîtresse exceptionnelle et,
le mercredi, le samedi comme le dimanche,
ajoutez-nous de l’école
et acceptez que, ces jours-là,
exceptionnellement,
on mette tous les cahiers
dans nos cartables, et que la cantine serve un bon pot
au feu, avec la maîtresse au milieu !
Acrostiches
Les premières lettres de chaque mot ou de chaque vers, lues à la suite, forment un message. J'en ai écrit un paquet. En voici un exemple court.
Liste de CD à emporter sur une île déserte
Couteau Dépliant
Crème Dépilatoire
Casse-Dalle
Cabane Démontable
Cacahuètes & Décapsuleur
Caleçon Durable
Canoë Démontable
Canapé Décoratif
Caniche Dévoué
Capote de Dépannage
Cake Dodu
Il y avait là des choux gonflés de sauce grenat, des cubes de mousse pailletés, des spirales croustillantes, des galettes parsemées de graines multicolores, des pastilles fondantes au fromage de Livieux, des bouchées du roi Croquemitaine, des minibeignets à la gelée d’alcool, des oursins du Médoc, des toasts à la crème de plancton ou au confit de gésidoux, des tartines entières de passemaille et des gâteaux secs à l’écorce de panetaud.
Il y avait encore de craquantes petites pieuvres aux noisettes, des pétales d’oniris imbibés de suc d’airelle, des soufflés d’archilène, des rondelles de sifflure, des arlacons vivants, trempés dans une sauce madère, du nougat d’Aubagne aux pépites d’estracelle, des coques d’épinards à sucer, des bâtons de miel salé d’Ascandre, des boules piquantes au cœur de chêne et des lupus en feuilles dont on jetait la nervure après l’avoir aspirée.
Il y avait à profusion des tranches de cake aux dalinives émondées, des noyaux de phlyste macérés au cognac, des petites bondes séchées à la chinoise, quelques bulles d’amarle frit, un long pain de patchanque des îles fourré de crème bleutée, des glaçons de jasmin incandescent, des gélules de poudre d’ourlade, qu’on avalait d’un coup, pour accroître le choc, des tartelettes aux lamelles de coulimille, des fours à la champenoise, des pavés de chocomenthe et des barquettes d’âne gratiné, qu’on prenait entre deux doigts, à l’arlésienne, pour sucer dans la croûte le jus d’iode qui servait à la cuisson.
Il restait encore, caché derrière de hautes carafes de liqueur de fumecrâne venue de Chine, de somptueuses chenilles d’Alaska, conservées dans la glace et flambées au rhume au dernier moment, des croquettes d’orinopharingeole cuites à la vapeur, pour aller avec, des œufs de plastron en gelée, des madeleines-surprises enrobées de tilleul, des empoix saisis à la fonte et des minous de chez Rebattet, des tuiles aux tampes douces-amères qu’il fallait décortiquer rapidement sans perdre la bille d’agrume à l’intérieur, qui garantissait son authenticité, et enfin des cônes glacés à la moutarde, qui éclataient dans la bouche et vous chantaient un petit air…
Approximations
Appelons ainsi l'exercice qui consiste à se rapprocher phonétiquement d'un texte pour lui inventer des variantes. Ici, Verlaine adapté aux quatre saisons.
Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon cœur
D’une langueur
Monotone
Les sangliers
Fous à lier
De l’hiver
Blessent ma sœur
D’une douleur
Au derrière
Lait sans glaçons
Et doux frissons
Du printemps
Laissent en été
La place au thé
Excitant
Les cent glacières
En bandoulière
De l’été
Laissent aux pique-niques
Un goût unique
De gaîté
Les sangs glacés
Lèvres gercées
De l’hiver
Blessent mon corps
D’un inconfort
Ordinaire
Les sangles en haut
Du sac-à-dos
En été
Blessent mes reins
Tel un bourrin
Entêté
Ecriture à partir d'une liste imposée
Ce texte ext extrait d'un livre sur le voyage. Il propose un principe de voyage sous contrainte : faire étape dans des villes choisies de telles sortes que leur liste, mise bout à bout, forme du sens… Entre parenthèses, le numéro du département.
LA BALEINE (50) NUE (31) CHARME (16) LE LAMENTIN (97) VELU (62)
LE MIROIR (71) TENDU (36) CONTRE (18) LA FALAISE (78) CHASSE (72) LE MARIN (97)
L’HABIT (27) VERT (40) ANGOISSE (24) YVOY-LE-MARRON (41)
ALLONS (04) CAMARADE (09) VIENS (84)
LE DÉSERT (14) ÉCOUTE-S’IL-PLEUT (02)
LA VEUVE (51) JOYEUSE (7) VENERE (20) LA BOUTEILLE (02) BUE (18)
LA MOUCHE (50) BARGE (21) FRISE (80) LA FOLIE (14)
VILLEPERDUE (37) PLEURE (39) BELLEBRUNE (62)
LE SAINT (56) VÉREUX (20) FACTURE (33) L’AUTRE MONDE (10)
TOUTLEMONDE (49) AIME (73) LA COMPOTE (73) BIO (46)
La version de Vian
Autrefois pour faire sa cour
On parlait d'amour
Pour mieux prouver son ardeur
On offrait son cœur
Maintenant c'est plus pareil
Ça change ça change
Pour séduire le cher ange
On lui glisse à l'oreille
Ah ! Gudule, viens m'embrasser
Et je te donnerai…
Un Frigidaire
Un joli scooter
Un atomixer
Et du Dunlopillo
Une cuisinière
Avec un four en verre
Des tas de couverts
Et des pelles à gâteau !
Une tourniquette
Pour faire la vinaigrette
Un bel aérateur
Pour bouffer les odeurs
Des draps qui chauffent
Un pistolet à gaufres
Un avion pour deux…
Et nous serons heureux !
Autrefois s'il arrivait
Que l'on se querelle
L'air lugubre on s'en allait
En laissant la vaisselle
Maintenant, que voulez-vous
La vie est si chère
On dit: rentre chez ta mère
Et on se garde tout
Ah ! Gudule, excuse-toi
Ou je reprends tout ça…
Mon Frigidaire
Mon armoire à cuillers
Mon évier en fer
Et mon poêle à mazout
Mon cire-godasses
Mon repasse-limaces
Mon tabouret-à-glace
Et mon chasse-filous !
La tourniquette
A faire la vinaigrette
Le ratatine-ordures
Et le coup- friture
Et si la belle
Se montre encore rebelle
On la jette dehors
Pour confier son sort…
Au Frigidaire
A l'efface-poussière
A la cuisinière
Au lit qu'est toujours fait
Au chauffe-savates
Au canon à patates
A l'éventre-tomate
Al'écorche-poulet !
Mais très très vite
On reçoit la visite
D'une tendre petite
Qui vous offre son cœur
Alors, on cède
Car il faut qu'on s'entraide
Et l'on vit comme ça
Jusqu'à la prochaine fois…
La mienne
Autrefois pour faire sa cour
On parlait d'amour
Pour mieux prouver son ardeur
On cachait sa queue
Aujourd'hui, c'est plus pareil
Ça change, ça change
Pour séduire la bimbo
On lui glisse un dildo
Ah ! Gudule, viens m'embrasser
Et je te donnerai…
Une jolie guêpière
Un catsuit à glissière
Des boules de geisha
Et un beau gigolo
Un quadragénaire
Avec un dard en verre
Un rouge-à-lèvres qui vibre
Un rabbit gros calibre
Une tourniquette
Pour niquer ta minette
Un doux vibromasseur
Pour te mettre en chaleur
Des lubrifiants qui chauffent
Des cuissardes de beauf
Un double dong pour deux…
Et nous serons heureux !
Autrefois, s'il arrivait
Que l'on se querelle
La queue basse on s'en allait
En laissant la dentelle
Aujourd'hui, que voulez-vous
La vie est si sexe
On dit : rentre chez ton ex
Et l'on se garde tout
Ah ! Gudule, excuse-toi
Ou je reprends tout ça…
Mon groovy vibrator
Mon cock ring en or
Mes menottes en moumoute
Et ma bite en casse-croûte
Mon lime-blondasse
Mon repasse-limace
Mon baldaquin à glaces
Mon G-Touch waterproof !
Le canard à moustaches
Le pistolet qui tache
Le débiteur d’ordures
Et le gode-ceinture
Et si la belle
Se montre encore rebelle
On la largue illico
Pour confier son fourreau…
Au simili-Rocco
Au stimule-clito
Au chapelet pour anus
Gros comme un autobus
Au dauphin qui dilate
Au canon spécial chattes
À l'éventre-prostate
À l'écorche-poulette !
Mais très très vite
On reçoit la visite
D'une autre amie des bites
Qui vous offre son cul
Alors, on cède
Car il faut bien qu'on s'entraide
Et l'on baise comme ça
Jusqu'à la prochaine fois…
Chanson détournée
La complainte du progrès, de Boris Vian, revue et adaptée pour un livre érotique : les accessoires modernes de 1956 sont remplacés par les sextoys du XXIe siècle. Ames sensibles s'abstenir, mais comme Vian n'était pas un enfant de chœur, je crois qu'il ne l'aurait pas boudé…
Vous voulez essayer de la chanter ?
Voici l'originale pour vous accompagner !
Cumul d'expressions
Restons dans le graveleux : un autre extrait du même livre érotique, car la langue française est d'une richesse inouïe en matière de périphrases sexuelles…
Le texte propre sur lui
ou comment amener le petit au cirque
sans dire de gros mot
J’étais en train d’agacer le sous-préfet, histoire de border l’insomniaque. Impossible pour moi de dormir sans avoir poli le chinois jusqu’à faire mousser le créateur. C’est sûr, au lieu de faire l’amour avec la veuve poignet, j’aurais préféré me faire peigner la girafe par une main féminine ou encore mieux me tremper le biscuit dans une cressonnière, mais, faute de mieux, j’en étais pour ma pomme à me raboter le gourdin pour m’allonger le macaroni en solo. J’étais pas loin de faire pleurer le colosse quand une pépée tout droit tombée de l’écran est entrée dans ma chambre. « Alors, on se tire sur l’élastique tout seul ? », qu’elle a demandé. « Tu veux que je t’aide à défromager le minaret ? » Et sans attendre ma réponse, elle s’agenouille et me gobe le merlan. Se faire glouglouter le poireau pour pas un rond, moi je dis pas non. Ah, on peut dire qu’elle savait jouer de la flûte à moustache, la garce ! J’allais lui administrer le saint viatique en lui détartrant le larynx quand j’ai visé son minou. Trêve de turlutte, il serait toujours temps de me faire scalper le Mohican plus tard : j’avais soif, l’urgence était soudain de lui boulotter le mille-feuilles. Les tartes au poil, c’est mon dada : ni une, ni deux, je suis descendu aux Pays-Bas et j’ai collé des timbres à la cave pour lubrifier la zone d’entrage. Et puis, après une cravate de notaire pour me remettre d’aplomb, je suis allé bivouaquer dans la crevasse et on a trinqué du nombril. J’y ai carré l’oignon et je lui ai brioché mon saucisson, et je peux vous dire que l’animal a aimé la visite des grottes humides. Le train était à peine entré dans le tunnel qu’elle me redemandait de la fricon friquette. Une vraie braise, cette femme-là ! J’ai fait sprinter l’unijambiste et je lui ai bourré le sac à dos. « Ponce-moi le fagot, faisande-moi le dindon, explose-moi le terrier ! », qu’elle criait. « Je vais t’incendier la chambre froide, je vais te ratisser le bunker, je vais te gominer la touffe », que je promettais, pour faire poète. Et puis j’ai balancé le bébé dans l’égout : j’ai fait un swing au deuxième trou, j’ai embourbé le quatre-quatre et j’ai emmené bronzer le spéléo, si vous préférez. Elle n’a pas bronché, il faut croire qu’elle aimait se faire shooter dans la boîte à cachous. Je me suis caramélisé le petit sucre, et c’est là qu’elle a joui en criant : « Mon Dieu ! » J’ai trouvé ça dégueulasse, je suis sorti illico.
Un autre exemple, cette fois extrait d'un livre sur la botanique…
Le bouquet impérissable
Réunissez dans un grand vase
Une plante des pieds
Quelques fleurs de peau
Une rose des sables
Des feuilles de paye
Et des tiges de fer
Un joli bouton de fièvre
Ou du muguet intestinal
Une branche de lunettes
Le feuillage d’un vieil arbre généalogique
Quelques bourgeons du goût
Une pervenche en uniforme
Deux ou trois fruits du hasard
Une gerbe d’étincelles
La plus belle fleur de l’âge
Une petite botte de cuir
Un beau brin de fille
Un peu de flore vaginale
Le bouquet d’un bon vin
Deux iris sans leur pupille
Et un petit palmier bien croustillant
Nouez du fil de l’histoire :
C’est le bouquet final.
… et celui-ci, toujours à partir d'expressions cumulées,
mais dans le domaine alimentaire.
Qu'ai-je fait de ma vie ?
J’ai croqué la pomme.
J’ai fait ma tête de lard.
J’ai été nouille et soupe au lait.
J’ai vu des daubes et des navets.
J’ai ménagé la chèvre et le chou.
J’ai coupé la poire en deux.
J’a mis les bouchées doubles.
J’ai cassé la graine et veillé au grain.
J’ai pédalé dans la choucroute.
J’ai eu du pain sur la planche, la frite, la pêche et le cul bordé de nouilles.
Je me suis occupé de mes oignons.
Je me suis fait du blé et de l’oseille.
J’ai bu du petit lait et mis de l’eau dans mon vin.
On m’a couru sur le haricot.
J’ai été dans le potage, dans le pétrin et dans la panade.
J’ai compté pour du beurre et pour des queues de cerises.
C’était fort de café.
J’ai taillé des bavettes.
J’ai raconté des salades et mis de l’huile sur le feu.
J’ai fait l’andouille, l’huître et le poireau.
J’ai mis mon grain de sel et la main à la pâte.
J’en ai fait mon beurre et mes mes choux gras.
Je n’ai ni craché dans la soupe, ni fait tout un fromage.
Ça n’a pas toujours été de la tarte.
J’ai été le dindon de la farce.
On m’a posé des lapins, on m’a roulé dans la farine.
Je me suis pris des gamelles.
J’en suis resté baba et comme deux ronds de flans.
J’ai bu le bouillon et le calice jusqu’à la lie.
Je suis allé me faire cuire un œuf.
J’ai eu les cheveux poivre et sel.
J’ai marché sur des œufs.
J’ai été tout sucre, tout miel.
J’ai mis du beurre dans les épinards.
J’ai commencé à sucrer les fraises.
C’était la fin des haricots, les carottes étaient cuites.
J’ai fini par bouffer des pissenlits par la racine.
Une variante qui s'amuse à compiler des expressions françaises passées telles quelles dans la langue anglaise (mêlées à quelques mots identiques dans les deux langues).
Abracadabra !
Vous savez parler anglais
My fiancé is an admirable entrepreneur bien-pensant, not very avant-garde but full of joie de vivre. He is a millionaire chargé d’affaires with a very good reputation and a real sense of humour. He loves my déshabillés and I love his savoir-faire. For him, I am a femme fatale and also his muse, his protégée.
A rendez-vous with him is like paradise. At the week-end, when we a have tête à tête in a restaurant, he arrives in advance, he offers me hors-d’œuvre à la carte, entrées du jour, desserts à la mode, petits fours, pousse-café and cigarettes to continue. No violence, no routine, no disputes, no clichés, no faux pas. Only billets doux and – surprise ! – presents from luxurious boutiques, like très chic eau de toilette from Paris. La crème de la crème !
His portrait ? He is different from other financiers I know : elegant, superb, extravagant, unique… Noblesse oblige ! He has the physique of a cinema star. I like his intelligence too, the truculence of his verve. For example, his perception of art influences me.
I am his idée fixe, he is my raison d’être. We imagine a formidable marriage…
Samedi
Départ pour une expédition hors de mon lit. Objectif : atteindre la salle de bains avant midi. Vol régulier de quelques effluves de la compagnie Air Wick. Baignade. Déjeuner sous forme de pique-nique, puis visite des différents quartiers du salon (commode Louikéa classée monument historique). Nuit à l’hôtel Home Sweet Home.
Dimanche
Exploration des collines verdoyantes de la couette. Observation de la faune et de la flore locales. Collation servie à bord sous la forme d’un plateau-repas.
Lundi
Visite du centre historique de la chambre. Voyage entre modernité et tradition dans l’escalier, en vue d’atteindre les hauts-plateaux de l’étage balayés par le vent de la fenêtre ouverte. Randonnée en charentaises jusqu’à la source de ce courant d’air. Point de vue magnifique sur la voisine. Nuit à la belle étoile dans les yeux.
Mardi
Excursion à dos de tabouret à travers les méandres pittoresques des factures du bureau. Écran blotti dans un écrin de verdure. Pause pour admirer les richesses du paysage intérieur de mon frigo.
Mercredi
Transfert par mes propres moyens jusqu’au canapé, dans un site du plus haut intérêt géologique présentant des strates de pizzas datant de l’ère précolombienne (Colomba est en congé). Déjeuner dans un restaurant local authentique, Chez Bibi.
Jeudi
Safari photo de mon nombril. Bain relaxant dans les eaux turquoise d’un lac artificiel.
Temps libre pour flâner dans les croquignolets passages piétons du couloir et faire des achats (sur Internet). Buffet varié de cacahuètes et de pistaches.
Vendredi
Ultime exploration de mon lit, sur la piste de la chaussette égarée. Le site offre par sa position un accès facile à toutes les attractions. Entrée gratuite aux toilettes toutes proches, à volonté. Room service assuré par Speedy Sushi. Retour au point de départ dans la nuit.
Parodie stylistique
Un journal de bord façon descriptif de voyage dans une brochure d'agences (formule all included, y compris les clichés).
Carnet de voyage immobile
Fables express
C'est un exercice popularisé par Alphonse Allais : comme une fable, c'est-à-dire une histoire qui tend vers une moralité, mais de forme très brève, et dont la moralité est une parodie, souvent un calembour… Ces cinq-là sont extraites d'un livre sur le jazz, d'où les références.
La cigale, ayant joué toute la journée,
N’avait plus rien pour le dîner
Elle alla taper sa voisine, la fourmi :
« Rien qu’un œuf et au lit, c’est promis ! »
Mais, requinquée par son omelette,
Elle reconstitua son quintette
Et brisa les noix et les ouïes
De sa voisine toute la nuit
Moralité
Qui tape un œuf, tape un bœuf
Il était noir, il était beau
Il était drôle, il jouait faux
Faisait passer ses dissonances
Pour un nouveau style très tendance
Il voulait être comme Thelonious
Il n’en avait que la frimousse
Moralité
L’habit ne fait pas le Monk
Quatre pianistes de jazz partagent une galette :
Walter Davis la coupe, Ray Charles sort les assiettes,
George Shearing réclame la couronne : il en rêve
Mais perdu ! c’est Art Tatum qui aura la fève
Moralité
Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois
On est en mille neuf cent cinquante-neuf
Au Five Spot Jazz Club de New York
Un type essaie un truc complètement neuf
Le public outragé est à la remorque
Il hurle et le houspille, mais cinquante ans plus tard
Lui fait la haie d’honneur pour le Grammy Award
Moralité
On se lève tous pour Ornette
Trois jazzmen enivrés s’en vont finir la nuit
Pour une dernière session dans une porcherie
Mais les porcs se balancent de leur St Louis Blues
Et réclament le silence pour dormir dans la bouse
Moralité
Inutile de donner de la jam aux cochons
Poétisation du banal
Appelons ainsi ce que je préfère faire : donner à lire de la poésie dans les choses qui ne le sont pas de prime abord. Traquer le beau, le drôle et l'insolite dans l'ordinaire.
(C'est mon crédo avec les mots comme en déco !)
Un exemple tout simplement tiré des Pages Jaunes.
Des vrais marchands de sable
aux noms de magiciens
Sibelco
Du fin, du gros, du calibré, du broyé, du micronisé…
Route de Villiers
77 780 BOURRON-MARLOTTE
01 64 45 90 19
Yprema
“Sable en vrac
ou en BigBag”
7, rue Condorcet
94 437 CHENNEVIÈRES-SUR-MARNE
01 49 62 01 23
Holcim
“Du granulat de rêve”
12 bis, rue des Hérons
67 960 ENTZHEIM
03 90 29 55 30
Cemex
“Sables et sablons,
graves et gravillons”
La Sablonnière
28 150 BEAUVILLIERS
02 37 99 21 09
Sémanaz
“Spécialités exclusives
de micropoudres”
107, quai Rancy
94 388 BONNEUIL-SUR-MARNE
01 43 39 52 00
Fulchiron
"De l'extra-silicieux”
Chemin Comble
91 720 MAISSE
01 64 99 51 37
Rokaï
”Pour jardins de pierre
et autres pétrifications”
33, route de l’Aiguillon
85 800 SAINT-GILLES-CROIX-DE-VIE
02 51 55 16 55
Soka Kaolin
”Toutes poudres sauf cacao”
Meudon
22120 QUESSOY
02 96 42 30 11
Le Jolu
“Gravillon rose
et coquilles brisées”
Terre-plein de l’Appontement
22 220 TRÉGUIER
02 96 92 31 32
Riguidel
“Sable de mer pour rêves
de vacances”
Zone artisanale Le Poteau
56 880 PLOEREN
02 97 40 09 10
Samin
“Calcaire dolomie, phonolite
et poudre de verre”
18, avenue Malvesin
92 400 COURBEVOIE
01 46 91 98 46
Synthèses improbables
Synthèse désabusée
des histoires pas si drôles
Dans les histoires drôles, il y a souvent des éléphants roses. On les met dans un réfrigérateur, dans une petite voiture ou bien sur une balançoire. Les chats demandent du sirop pour matou, les souris leur donnent leur langue, les pingouins vont au cinéma, les pommes de terre s’exclament « purée ! », les hiboux trouvent ça chouette et les taureaux vache, les serpents se demandent quelle heure reptile, les crocodiles et les alligators font caïman pareil, les steaks hachés sont cachés, les sols couverts de peaux de banane, les tuyaux de poêles s’emboîtent sur les comment-vas-tu. Tout le monde est très en forme. Mais en forme de quoi ?
Dans les histoires drôles, on ne dit pas le Petit Poucet mais le gosse était constipé. Les enfants posent des questions crues sans le savoir, ils ont la candeur cochonne. Les hommes sont cocus, les femmes écervelées, les lèche-culs sont jugés pires que les suspects, et ça sent les latrines à tout bout de phrase. On va beaucoup aux cabinets, dans les histoires drôles, surtout Toto, le pauvre, avec sa tête. Le sens propre prend souvent le dessus, et il est rarement propre, il sent la mer… credi. Les cacahuètes ont le mérite de bien commencer ; les Hercule de bien finir ; et ça glousse comme vache qui pisse quand on frôle les trous.
Dans les histoires drôles, on fait beaucoup l’amour mais on ne le dit surtout pas comme ça, poil au bras. Les messieurs et les dames font des enfants aux noms improbables, Jessica Scroutedansmamusette ou Jean-Philippe Ervitemonslip. Les filles sont blondes, les hommes sont belges, ils ont tous un petit pois dans la tête. Un truc vert et rond qui monte et qui descend ou un truc jaune à plumes avec une mitraillette.
Dans les histoires drôles, c’est l’histoire d’un mec, mais il y a aussi des nains, des génies, des clochards, des fous masochistes, des animaux qui parlent, un Anglais, un Français et un Espagnol coincés ensemble quelque part, et puis ta mère en short sur l’autoroute – c’est le comble. Et quand le ton monte, devinez quoi ? C’est qu’une fille moche prend l’ascenseur…
Comment cuisiner
à partir des contes de fées ?
Hors d’œuvre
Repérez près chez vous une maison habitée par trois ours. Si vous avez une copine blonde et qu’elle est au courant, veillez à arriver sur les lieux avant elle. Videz les trois assiettes de soupe encore fumante dans un Tupperware et réservez au chaud. Au moment du service, dressez dans une jolie soupière et décorez avec un unique petit pois récupéré dans le lit d’une princesse délicate.
Plat
Dès que minuit a sonné, allez faire votre marché sur le parking des carrosses. Choisissez celui de Cendrillon et épluchez la citrouille géante. Coupez-la en morceaux dans une poêle, arrosez de la potion d’Alice et faites réduire. Mélangez dans un saladier le pot de beurre du Petit Chaperon rouge avec les miettes du Petit Poucet et un peu de pain d’épice de la maison d’Hänsel et Gretel. Saupoudrez ce crumble sur le potiron et faites gratiner au four. Profitez que Blaise se plaint de ses souhaits ridicules pour lui chiper son chapelet de boudins. Avec la citrouille aux épices, c’est délicieux.
Dessert
Commandez à Peau d’âne un gâteau en lui demandant de mettre la bague à part. Trempez la pomme de Blanche-Neige dans la potion magique de la Petite Sirène pour désactiver le poison. La réduire en compote et la servir avec le gâteau. Et si Bruno Bettelheim vous embête parce qu’il décèle en vous des pulsions régressives, envoyez-le se faire figer pour cent ans au festin de la Belle au bois dormant.
Haïkus
Des faux haïkus, parce que les vrais imposent des règles complexes. Disons des épigrammes japonisantes.
Extraits d'un livre à destiné aux insomniaques
Haïkus de mi-nuit
La grenouille saute dans l’étang
Le coléoptère se reproduit
C’est l’heure des documentaires animaliers
Lune d’argent
Tic tac obsédant
D’argent aussi, les soucis
Sur ma peau et dans mes ouïes
« Retiens la nuit »
Merci Johnny
J’ai beau tirer sur sa paupière
L’échelle adossée à la lune
Impossible de fermer l’œil de la nuit
Une chouette hulule
Un frigo s’ébroue
La jeune fille écoute ses seins pousser
Nuit d’encre
Les souvenirs affluent
Le stylo me démange
Veille de vacances
Le chien aboie
Les caravanes passent
Il fait nuit, j’ai soif
Je ne tiens pas en place
Dit le moustique, et il me pique
Michaux écrit
La vie dans les plis
Et la nuit remue
Je compte les étoiles filantes
Mes vœux sont prêts
En fait, juste un avion
L’heure tourne
Je fais le tour du plafond
Ma nuit blanchit
Pour vous aider, voici la liste des plantes à retrouver dans le texte. Dans le désordre, bien sûr.
amaryllis
anémone
angélique
anthurium
armoise
arum
asphodèle
azalée
bégonia
belle de jour
bouton d’or
bruyère
camélia
campanule
capucine
céanothe
centaurée
chardon
chèvrefeuille
chrysanthème
clématite
colchique
coucou
cyclamen
cytise
dahlia
delphinium
digitale
édelweiss
églantine
ellébore
éphémère
fleur carnivore
fougère
genêt
gerbera
giroflée
glycine
hibiscus
ipomée
iris
jacinthe
joubarbe
laurier
liseron
lotus
lys
magnolia
mandragore
marguerite
mauve
muguet
myosotis
narcisse
œillet
orchidée
pâquerette
passiflore
pavot
pensée
pétunia
prêle
renoncule
rose
seringat
souci
spirée
tournesol
tulipe
violette
Solutions : les 70 fleurs du pot-au-rose…
Fleurs à la pelle
Planques homophoniques
Attention, un vrai casse-tête ! Il s'agit de retrouver dans un texte une liste de mots qui a été planquée par homophonie. Par exemple, ici 70 noms de plantes se cachent derrière le texte apparent. Lequel raconte une dispute entre Laure, une fille un peu fleur bleue, et sa sœur rebelle Delphine, qui l’envoie sur les roses…
Fleurs à l'appel
– Chère sœur, un gars sans le sous, cité par la police, aux amis paumés et qui risque de t’entraîner dans son camp nul n’est pas pour toi. Avec, au bout, ton dortoir en guise de chambre…
– Non, c’est un camp pas nul !
– Voyons, ce type est une épave aux cheveux gras ! Rhum coca en guise de parfum ! Rebelle deux jours, pas plus ! Il ment, drague, organise des fêtes, viole, etc.
– Pas que ! Rhett Butler aussi était un mauvais garçon. Mon amoureux est un casse-cou courageux, un héros zélé, de renom, cultivé, ému, guettant mes moindres désirs.
– Quel aveuglement ! Elle est bornée, ma parole ! Tu verrais un aigle en Tino Rossi !
– Tout le monde n’est pas comme ton Richard : don de soi, quiétude, douces joues, barbe rasée de près… Le tien glisse inaperçu parmi la foule. Le soir, avec lui, tu lis, puis tu dors.
– Ah ! Mari lisse ! Tu verras, tu y viendras.
– Si jeune et déjà sainte, ma sœur ! Je m’en fous, j’ai raison. Je ne veux pas d’un mari passif, Laure. J’aspire, eh oui, à autre chose. Pas d’un qui se magne au lit, ah ! ça non ! Derrière les apparences, je sais qu’en lui l’or y est. Et puis, j’aime ses habits décadents. Mon ami ose, aux tissus, donner une allure inédite.
– Écoute, Angèle y connaît quelque chose : ton jules, un camé l’y a fait penser.
– Et d’elle, vestale soi-disant, que sais-tu vraiment ?
– Alors, écoute au moins l’avis d’Anne. Anne… Anne…
– Dis donc, tu n’es pas bègue ?
– Oh !, nia-t-elle, bien sûr que non !
– Ah ! Z’allez pas m’emmerder ! L’avis d’Anne, je m’en passe. Anne est monacale. Fille bien née, fée, mère parfaite ! Un rien lui suffit : du beurre dans les épinards, Sisteron pour les vacances, une balade en tricyle, amen ! C’est une naïve. Je ne suis pas comme elle, hélas ! Faut délirer un peu plus, dans la vie. Bru hier, épouse aujourd’hui, veuve demain. Non merci ! Moi, j’aime les week-ends à New York (idée comme ça). J’aime l’art. Moi, zyeuter la télé, ça ne me suffit pas ! Regarde-les, les glandus : y bissent Kuzturica mais ils n’ont pas la moitié de sa fantaisie.
– La roue tourne : solidifierez-vous votre couple ? Quand il y aura la crise en tes murs, tu gerberas sur tes idées d’autrefois et tu comprendras…
– Que dalle ! Y a rien à comprendre !
– À votre place, je n’ai…
– Assez ! À notre place, il n’y a que nous.
– Mais je ne peux pas rester sans réagir aux fléaux qui t’attendent !
– Les fléaux ? Eux ? Hier encore tu me disais de ne pas m’en préoccuper. Et la paix ? Tu n’y as pas pensé ? La paix qui nous attend peut-être pour cinquante ans ? Tu ris ? Homme de passage ? C’est ainsi que tu le vois, mon amant ?
– Delphine, ni homme de passage, comme tu le suggéras, ni homme qu’on épouse. Juste pour toi un jouet, comme un truc à puce innovant. De la camelote, ustensile transitoire. Sans, t’aurais pu t’ennuyer. Tu me l’as dit un jour : « Sa clé m’a titillée ! » C’est explicite, isolé du contexte.
– J’en ai marre ! Gueux rital, c’est ainsi que tu le vois ? Et moi en mangeuse d’hommes ? Alors, je fais ma valise. Rompons les derniers liens qui nous lient, chère sœur ! Il y a dix gîtes alentour où je trouverai meilleur accueil. Tu me fais tourner chèvre ! Feuillète ton missel, remonte ton col chic et porte-toi bien !
– Mais je me porte comme une fleur, car ni vos rêves, ni vos amours je ne les envie.
– Chère seringat sans le souci-té par la polys, aux am-ipomée et qu-iris-que de t’entraîner dans son camp nul n’est pas pour toi. Avec, au bouton d’or-toir en guise de chambre…
– Non, c’est un campanule !
– Voyons, ce type est une é-pavot cheveux gr-arum coca en guise de parfum ! Re-belle de jour, pas plus ! Il mandragore-ganise des fêtes, violette-c.
– Pâquerette Butler aussi était un mauve-ais garçon. Mon amoureux est un casse-coucou-rageux, un hé-rose-élé, de renoncule-tivé, é-muguet-tant mes moindres désirs.
– Quel aveuglement ! Ellébore-née, ma parole ! Tu verrais un églantine-o Rossi !
– Tout le monde n’est pas comme ton Ri-chardon de soi, quiétude, douces joubarbe rasée de prêle-e tien glycine-aperçu parmi la foule. Le soir, avec lui, tulipe-uis tu dors.
– Amaryllis ! Tu verras, tu y viendras.
– Si jeune et dé-jacinthe, ma sœur ! Je m’en fougère-aison. Je ne veux pas d’un mari passiflore. J’a-spirée oui, à autre chose. Pas d’un qui se magnolia ! ça non ! Derrière les apparences, je sais qu’en lui laurier. Et puis, j’aime ses habits décadents. Mon a-myosotis-sus, donner une allure inédite.
– Écoute, angélique-onnaît quelque chose : ton jules, un camélia fait penser.
– Édelweiss-tale soi-disant, que sais-tu vraiment ?
– Alors, écoute au moins l’avis d’Anne. Anne… Anne…
– Dis donc, tu n’es pas bég-
onia-t-elle, bien sûr que non !
– Azalée pas m’emmerder ! L’avis d’Anne, je m’en passe. Anémone-acale. Fille bien n-éphémère parfaite ! Un rien lui suffit : du beurre dans les épi-narcisse-teron pour les vacances, une balade en tri-cyclamen ! C’est une naïve. Je ne suis pas comme elle, hél-asphodèle-irer un peu plus, dans la vie. Bruyère, épouse aujourd’hui, veuve demain. Non merci ! Moi, j’aime les week-ends à New Y-orchidée comme ça). J’aime l’armoise-euter la télé, ça ne me suffit pas ! Regarde-les, les glandus : hibiscus-turica mais ils n’ont pas la moitié de sa fantaisie.
– La roue tournesol-idifierez-vous votre couple ? Quand il y aura la chrysanthème-urs, tu gerbera sur tes idées d’autrefois et tu comprendras…
– Que-dahlia rien à comprendre !
– À votre place, genêt…
– A-céanothe-re place, il n’y a que nous.
– Mais je ne peux pas rester sans réa-giroflée-aux qui t’attendent !
– Les fléaux ? Œillet-r encore tu me disais de ne pas m’en préoccuper. Et la pétunia pas pensée ? La paix qui nous attend peut-être pour cinquante anthurium de passage ? C’est ainsi que tu le vois, mon amant ?
– Delphinium de passage, comme tu le sug-géranium qu’on épouse. Juste pour toi un jouet, comme un tru-capucine-novant. De la came-lotus-tensile transitoire. Centaurée pu t’ennuyer. Tu me l’as dit un jour : « Sa clématite-illée ! » C’est expli-cytise-olé du contexte.
– J’en ai marguerite-al, c’est ainsi que tu le vois ? Et moi en mangeuse d’hommes ? Alors, je fais ma va-liseron-pons les derniers liens qui nous lient, chère sœur ! Il y a digitale-entour où je trouverai meilleur accueil. Tu me fais tourner chèvrefeuille-ète ton missel, remonte ton colchique et porte-toi bien !
– Mais je me porte comme une fleur carnivore-êves, ni vos amours je ne les envie.